Perspectivia
Lettre1878_16
Date1878-12-18
Lieu de création[Paris]
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesDubourg, Victoria
Edwards, Edwin
Edwards, Ruth
Millet, Jean-François
Durand-Ruel, Paul
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Esch, Mlle
Lieux mentionnésLondres
Paris
Francfort-sur-le-Main
Bruxelles
Paris, Exposition rétrospective de tableaux et dessins des maîtres modernes, galerie Durand-Ruel (1878)
Manchester
Paris, galerie Durand-Ruel
Paris, Salon
Manchester, Royal Institution, 58th Exhibition of Works of Modern Artists, 1878
Œuvres mentionnéesF La lecture
F La famille Dubourg

[Paris]

18 décembre [18]78

Mon cher Scholderer,

je suis bien en retard pour vous répondre. Serez-vous encore à Londres ? Vous avez probablement repris le supplice des portraits. J’espère que vos santés sont bonnes à tous deux et que votre travail avance. Ici nous allons bien tous deux. Je crois bien que la campagne nous a fait du bien après. C’est heureux, car je peux dire que je n’y étais pas à mon aise du tout, ainsi que ma femme. Nous avons un temps atroce depuis deux mois, de l’humidité et du froid sans arrêt. Je ne fais pas grand-chose, quelques esquisses en train que je passe tantôt l’une, tantôt l’autre, de temps [en temps] j’en détruis. Vous me parlez des arrangements que mon propriétaire a faits dans mon atelier, il n’y a rien eu, si ce n’est un badigeonnage. J’ai vendu la Lecture 150 livres.Fantin-Latour, La lecture, F.824 a été vendue à la 58th Exhibition of Works of Modern Artists de Manchester. J’ai été content de vendre une chose invendable. Les tableaux que j’ai vendus à Mme Edwards étaient toujours des fleurs.

Comment avez-vous trouvé Edwards,M. Edwards souffre de diabète. je ne sais trop que penser d’après ce que me dit Madame Edwards, qu’en pensez-vous ?

Je suis très content que vous ayez pensé à moi pour les lithographies.Voir lettre 1878_15. Je serais très content d’en donner, elles sont mieux chez les autres que chez moi dans le carton ; elles sont faites pour être données. Je vous en envoie un rouleau avec des photographies d’après 3 dessins de Millet qui étaient chez Durand-Ruel, et une sorte de biographie, avec portrait, reproduction de dessin,Fantin a très certainement envoyé à Scholderer l’ouvrage d’Alexandre Piedagnel, J.-F. Millet : souvenirs de Barbizon (Paris, Vve A. Cadart, éditeur, 1876), comprenant un portrait et neuf eaux-fortes d’après Millet par Charles Beauvere, Maxime Lalanne, Ad. Lalauze, Piguet, Félicien Rops, Saint-Raymond et Alfred Taiée et un fac-similé d’autographe. et d’après deux tableaux des photographies, entre autres le greffeur,Millet, Le greffeur (un paysan greffant un arbre), 1855, huile sur toile, 81 x 100 cm, États-Unis, coll. part. que c’est beau ! Dans le rouleau vous trouverez également une photographie de mon tableau du Salon.Fantin-Latour, La famille Dubourg, F.867. Cela a été fait à Bruxelles pour un album du Salon. Vous verrez tout cela en rentrant à Putney. Madame doit bien s’ennuyer toute seule, dans cette vilaine saison qui est si triste par elle-même, nous pensons bien à elle. Vous devriez, pour vous réjouir ensuite, venir à Paris en allant à Francfort. Père Usquin, il faut se divertir quand on a quelques sous dans sa poche ! Si vous veniez à Paris, nous nous amuserions bien. Vous avez en face de nous l’hôtel d’Alsace qui est modeste, mais où on est bien et pas cher. C’est pas cher comme l’on dit dans La Cagnotte.La cagnotte, pièce de Labiche créée au théâtre du Palais-Royal le 22 février 1864. Cette pièce recueille un grand succès. La 1000e représentation a lieu en 1905. La pièce raconte l’histoire d’une amicale société de notables provinciaux qui décide d’aller dépenser la cagnotte de leur jeu de cartes à Paris. Tenez, nous irions au Palais-RoyalThéâtre du Palais-Royal. où nous n’avons pas été depuis vous, je crois. Vous n’êtes pas resté assez longtemps ici, il y avait trop à voir. Nous n’avons pas eu assez le temps de causer, trop de distractions. Adieu, bien des choses à tous les deux de nous deux.

Mademoiselle Esch prend la plume pour ses compliments.

H. Fantin