Briefwechsel Fantin-Latour & Scholderer

Paris, 3 janvier 1900

Mon cher Scholderer,

Nos bons souhaits pour vous tous et bonne santé, car vous avez bien raison, c’est le principal !

L’hiver s’est fait sentir ici de bonne heure et les rhumes ont suivi ; à part cela nous n’allons pas mal.

Vous devez être heureux d’être chez vous,Les Scholderer sont retournés vivre définitivement à Francfort en décembre 1899. on sentait depuis longtemps que l’Angleterre ne vous était pas sympathique.

Cette malheureuse guerre ne doit pas être bonne pour la peinture.Guerre des Boers (1899-1902) livrée aux républiques Boers (Afrique du Sud) par les Anglais.

Il est à craindre que l’Europe entière ne s’en ressente.

Nous pensons bien comme le départ de Victor doit vous être pénible, mais pour son avenir c’est bien utile.

Nous espérons que maintenant madame Scholderer est remise de ses fatigues.

Je comprends que vous regrettiez l’absence de Thoma. Dans les derniers temps sa réputation a tellement augmenté que, même ici, nous voyons des reproductions de ses œuvres et des lithographies. Cela m’intéresse beaucoup.

Je crains comme vous les peintres de Munich à l’Exposition universelle. Enverrez-vous à cette Exposition, vous viendrez certainement la voir, je compte bien sur vous. Je ne pense guère à montrer ma peinture aux Expositions.Fantin change d’avis puisqu’il envoie à l’exposition centennale Féerie (tableau refusé au Salon de 1863 et conservé longtemps par Whistler, F.214 ; Un coin de table, F.577 ; La famille Dubourg, F.867 ; La brodeuse, F.1015 ; Autoportrait assis, la palette à la main, F.167. A la suite de cette exposition Fantin est promu officier de la Légion d’honneur. Tout cela me dégoûte.

Ecrivez-nous bientôt que vous êtes installé. Nos compliments les plus affectueux pour vous tous. Compliments de ma belle-sœur. H. Fantin