Perspectivia
Lettre1875_18
Date1875-12-15
Lieu de créationParis
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesScholderer, Luise Philippine Conradine
Dubourg, Victoria
Edwards, Edwin
Edwards, Ruth
Berlioz, Hector
Lieux mentionnésLondres
Paris
Francfort-sur-le-Main
Londres, Dudley Gallery
Paris, Salon
Œuvres mentionnéesF Portrait de Mr et Mrs Edwin Edwards
F L'anniversiversaire

Paris

15 décembre 1875

Mon cher Scholderer

je pense que ma lettre va vous trouver installé à Londres et que madame est tout à fait remise et allant très bien.

Je vois que vous n’avez pas perdu de temps, que vous avez bien travaillé à Francfort. Quel dommage que vous n’ayez pas pu travailler à Paris pendant tout ce temps, cela a été notre première idée, Mademoiselle Dubourg et moi. Elle me charge de vous dire bien des choses de sa part à vous deux, de sa part et de toute sa famille. Mais quels regrets de ne pas vous avoir revus ici, enfin, à l’année prochaine. Depuis ma dernière lettre, les Edwards ont fait des choses. D’abord à ma lettre où, après avoir vu les prix insensés du Dudley, je lui avais écrit que je trouvais qu’il gagnait trop, et que du reste c’était ce qu’il m’avait dit très souvent, il m’a répondu une lettre de sottises, me disant qu’il n’était pas un pauvre diable qui n’avait pas besoin de moi, de l’argent etc…

Je lui ai répondu que j’étais un pauvre diable moi, et que j’avais besoin de plus d’argent possible, etc. … A cette lettre où je lui proposais pour l’avenir l’ancien arrangement de la moitié pour lui et l’autre pour moi, quand il vendrait,Les arrangements financiers entre Fantin et les Edwards varient au cours des années. Avant 1873, Fantin vend ses œuvres aux Edwards qui les revendent en faisant la marge qu’ils souhaitent.Vers 1873 Fantin préfère établir les prix et toucher la moitié du montant de la vente. Ce deuxième arrangement est ensuite abandonné pour revenir au premier. Mais cet accord déplaît à Fantin car il n’a plus aucun contrôle sur les prix fixés par les Edwards qu’il considère comme excessifs. Il veut donc revenir au 50/50 mais n’obtient pas satisfaction. à cette lettre, il n’a pas répondu, et plus de 15 jours après, Madame m’a écrit, me parlant de venir à Londres pour voir le salon d’un monsieur qui veut des fleurs comme décoration. A la fin de cette lettre, elle me dit que c’est trop, plus qu’elle demande et que mon arrangement n’est pas praticable. J’ai répondu que je n’allais pas à Londres dans ce temps-ci, que la décoration n’est pas mon affaire et s’il veut des fleurs qu’il en achète chez eux et qu’il les place chez lui. Voilà où en est tout cela, Dieu que cela m’ennuie, je suis curieux de savoir ce qu’ils vont vous dire, ils vont peut-être supposer que vous êtes l’auteur, que vous m’avez excité, ne dites rien. Je n’ai rien dit de vous. Je ne veux pas que cela dérange rien, ni vous, ni moi. Je m’en moque ! Elle paraît bien aimable pour vous et me parle dans chaque lettre de vous. Je crois que vous devez être très aimable avec eux, car ils le sont pour vous. J’ai beaucoup travaillé, j’ai fait des grands tableaux de fleurs, pour choisir ceux qui me plairontLe catalogue raisonné de Mme Fantin recense 28 tableaux de fleurs peints en 1875 (de F.741 à F.768). le plus pour exposer au Salon de Paris l’année prochaine. Après le succès du portrait,Fantin-Latour, Portrait de Mr et Mrs Edwin Edwards, F.738. j’ai idée de ne pas recommencer. Je suis en train de faire une grande lithographie en l’honneur de Berlioz.Cette lithographie sera intitulée L’anniversaire, H.7. On a joué sa symphonie de Roméo et Juliette.Fantin entend pour la première fois Roméo et Juliette (symphonie pour chœur, soli et orchestre d’après la tragédie de Shakespeare, composée par Berlioz en 1839 et créée la même année) dans son intégralité le 5 décembre 1875 au théâtre du Châtelet. Sous l’impression de cette belle chose, je me suis mis à l’œuvre, vous verrez cela, je vous en enverrai une épreuve. Adieu mon cher Scholderer, dites bien des choses de ma part à Madame, écrivez-moi sitôt que vous allez pouvoir. Adieu H. Fantin