Perspectivia
Lettre1881_03
Date1881-04-12
Lieu de création8 Clarendon Road Putney
AuteurScholderer, Otto
DestinataireFantin-Latour, Henri
Personnes mentionnéesTennyson, Alfred
Beaconsfield,
Millais
Leighton, Frédérick
Whistler, James Abbott MacNeill
Edwards, Ruth
Riesener, Mlle
Scholderer, Viktor
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Cazin, Jean Charles
Lieux mentionnésLondres, Fine Art Society
Londres
Paris, Salon
Œuvres mentionnéesS Peasant Girl/ Bauernmädchen - Landmädchen (paysanne)
S Homeward - Heimwärts - Heimkehr von der Ernte (retour des vendanges)
F Frontispice
F L'enfance ance du Christ
F Portrait de Mademoiselle L.R. (Louise Riesener)
F Portraits ou la leçon de dessin dans l'atelier
S The Masqueraders/ Die Maskierten - Vor dem Kostümball (Les costumés - avant le bal costumé)

8 Clarendon Road Putney

12 avril [18]81

Mon cher Fantin,

Il y avait tout sorte d’obstacles qui m’ont empêché à vous écrire et des préoccupations. D’abord, les tableaux pour l’académie qui sont délivrés il y a quelque temps. Je n’avais rien pour le Salon, ce que je regrettai bien, mais malheureument j’ai presque vendu tout ce que j’avais d’importance et je ne voulais pas envoyer des choses dont je ne suis pas satisfait. J’ai envoyé une figure de fille tricotante grandeur naturelle dans un shawl jauneScholderer, Peasant Girl/Bauernmädchen – Landmädchen, B.194. et un autre sujet, trois demi figures grandeur naturelle, un homme portant un panier avec des légumes, derrière lui deux femmes avec des paysans, mais plutôt en costume fantastique, ce que je trouvais au moment.Scholderer, Homeward – Heimwärts – Heimkehr von der Ernte, B.202. Je travaille avec plus de facilité, mais je dois avouer que la théorie m’intéresse toujours plus que l’exécution. Je n’ai pas vu beaucoup de choses d’autres artistes, excepté de Millais et de Leighton. Millais a des tableaux d’enfants charmants et une douzaine de portraits de toute espèce. Les enfants sont comme il les fait ordinairement, personne ne peut se mesurer avec lui dans ce genre, il y a des morceaux d’une grande finesse, le portrait de Lord BeaconsfieldJohn-Everett Millais, Benjamin Disraeli, Ist Earl of Beaconsfield (1804-1881), 1881, huile sur toile, 127,6 x 93,1, Londres, National Portrait Gallery. commencé, de Tennyson,John-Everett Millais, Alfred Tennyson (1809-1892), 1881, huile sur toile, 127 x 93 cm, Trustees of the National Museums and Galleries on Merseyside (Lady Lever Art Gallery, Port Sunlight). aussi commencé – bien intéressant, c’est bien le plus grand peintre de portrait d’après mon avis, quoiqu’il n’y a pas toujours le sentiment du caractéristique comme les Hollandais par exemple, mais on ne peut pas avoir tout à la fois. Je n’ai pas vu son exposition à Bond-Street,Exposition Millais à la Fine Art Society, 148 New Bond Street, Londres, en 1881. Voir Notes by Mr. A. Lang on a Collection of Pictures by Mr. J. E. Millais, R.A. Exhibited at the Fine Art Society's Rooms, 148, New Bond Street, 1881, cat. exp. Londres, Fine Art Society,1881. qui doit contenir les tableaux les plus remarquables qu’il a faits ; non plus l’exposition de Whistler,Exposition de cinquante-trois pastels de Venise par Whistler à la Fine Art Society de Londres, voir Venice Pastels, cat. exp. Londres, Fine Art Society, 1881. mais je me suis proposé d’y aller.

Il y a quelque temps que Mme Edwards m’a apporté vos nouvelles lithographies et je suis honteux de ne vous en avoir remercié. Elles m’ont fait le plus grand plaisir et je les trouve plus charmantes encore que tout ce que vous avez fait, l’exécution est vraiment magnifique, comme je voudrais être capable d’en faire aussi, je ne sais pas comment vous trouvez le temps pour faire tout ce que vous faites ! La figure du titre pour le cahierFantin-Latour, Frontispice : le Génie de la Musique, H.35, pour servir de frontispice à Angers-Revue. me plaît surtout, aussi la fuite en Égypte est ravissante.Fantin-Latour, L’enfance du Christ ; Repos de la Sainte Famille (2e planche), H.36, exécuté en 1881 pour le journal Angers-Revue, publié à Angers ; paru dans le numéro du 24 mars 1881. Je vous remercie bien de ces nouveaux trésors pour ma collection de vos desseins.

J’ai vu aussi votre portrait de Mlle RiesenerFantin-Latour, Portrait de Louise Riesener, F.986. qui est très beau, mais il faut avouer qu’il ne m’a pas fait une si grande impression que le tableau de l’année passée ;Fantin-Latour, Portraits ou la leçon de dessin dans l’atelier, F.920. c’est je sais, le sujet qui m’influence toujours beaucoup. La personne n’est pas agréable – vous allez rire de moi – je l’aimais mieux quand elle dessinait, elle est certainement une jolie nature morte, c’est comme cela que vous l’avez traitée, elle paraît être posée sur une table pour la peindre ; ces observations vous paraîtront bêtes, j’en suis sûr, mais je trouve la peinture tout aussi belle que dans vos autres tableaux. J’ai vu une baigneuse chez Mme Edwards qui m’a plu énormément, c’est tout à fait charmant, une de vos esquisses est un charmant mélange de fantaisie et de réalité, j’aimerais bien posséder ce tableau.

Nous étions tout ce temps occupés à chercher une maison, d’abord nous avons voulu prendre une plus près de la ville, mais considérant la santé de notre Victor, nous nous sommes décidés à rester à Putney,Les Scholderer s’installent dans une maison avec jardin à l’adresse Hildesheim, Keswick Road, Putney. ayant trouvé après un si long espace de temps que sept années, ma position ne l’exige pas à me rapprocher du centre de l’art qui en même temps est difficile à trouver à Londres. Nous avons donc acheté une maison ici, qui est très jolie et très convenable. Je suis en train de me faire construire un atelier dans le jardin, et je suis bien content qu’après tant d’années de gêne, résultant de la mauvaise lumière de mon présent atelier et du manque d’espace pour travailler, je dois réussir enfin de trouver enfin ce que j’aime et ce qui me convient. L’atelier sera 24 à 18 pieds, pas trop grand, mais toujours deux fois la mesure du présent. J’aurai tout un côté une fenêtre et aussi de la lumière d’en haut. Je ne crois pas que les brouillards m’empêcheront beaucoup à travailler. La maison est située dans le jardin, deux chambres en bas, cuisine etc. ; dans les deux étages, sept autres chambres c’est ce qu’il nous fait ; cela coûtera £1300 avec l’atelier, ce que qui n’est pas trop, considérant les loyers. En même temps, je suis plus indépendant que si j’avais loué une maison, ce qui aurait été pour sept ans, car je peux la vendre à chaque moment puisque la position est très bonne. J’ai oublié qu’il y a encore £ 10 par an à payer pour le terrain que j’ai loué comme on fait ici, vous savez, pour 99 ans. Nous aurais naturellement beaucoup de dépenses pour le déménagement etc. Mais nous serons bien confortables. Nous espérons que vous et Madame seront les premiers à demeurer chez nous, nous avons réservé une gentille petite chambre pour nos amis. Nous déménagerons le mois prochain, l’atelier sera fait à cette époque.

18 avril Ma lettre a été encore interrompue. J’ai vu depuis l’exposition de Millais, qui cependant ne me l’a montré différent de ce que je connais, au contraire, ce n’est pas agréable de voir ses tableaux de toutes les époques, on y voit que c’est une nature qui change avec le temps, mais qui ne se cultive pas ; dans ses premiers tableaux il devrait avoir quelques qualités de ses derniers, et les derniers devraient être peints avec l’exactitude des premiers, je dois dire que je m’en allais dissatisfait. J’ai vu des eaux-fortes de Whistler, les crayons n’étaient plus à voir, les premiers c’est très peu de choses, il commence maintenant à s’asseoir d’abord sur son cuivre et marcher un peu dessus, dans les épreuves, on voit à travers ces jolis hasards quelques lignes qui indiquent Venise.

Je travaille en ce moment à une espèce de reproduction de mon tableau de l’année passée, la préparation pour le bal costumé.Scholderer, The Masqueraders/ Die Maskierten – Vor dem Kostümball, B.196. Je suis bien content de le faire encore une fois, je crois que cela sera mieux ; je crois que ce tableau, l’année passée, m’a appris beaucoup.

Nous serions bien heureux d’apprendre ce que vous et Madame font ; nous allons assez bien, notre Victor devient gros et gras, il se porte très bien. Nous craignons le déménagement au mois prochain, heureusement la maison n’est pas trop loin d’ici.

Vous devez avoir rudement à travailler en ce moment comme membre du jury. Cazin, qu’est-ce qu’il a fait, l’avez-vous vu ? Je n’apprends plus rien de lui. J’ai toujours voulu vous demander qu’est-ce que vous employez pour faire sécher les laques et les carmins, vous servez-vous du sicc. de Courtray ? J’emploie beaucoup de couleurs de cette sorte et je fais beaucoup de glacis. Adieu, écrivez bientôt, bien des choses et nos meilleurs compliments à vous et Madame.

Votre ami OSchol