Perspectivia
Lettre1878_05
Date1878-05-01
Lieu de création[Paris]
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesLhermitte, Léon
Edwards, Edwin
Edwards, Ruth
Esch, Mlle
Cabanel
Carolus-Duran
Meissonier
Gérôme, Jean-Léon
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Dubourg, Victoria
Lieux mentionnésLondres, Royal Academy of Arts
Londres
Paris, Exposition Universelle, 1878
Londres, Dudley Gallery
Paris, Salon
Œuvres mentionnéesS Young Girl in a Fancy Costume (jeune femme costumée)
S W.H. Pole Carrew, Esq.
S Wondering (étonnement)
F La lecture
F La famille Dubourg

[Paris]

Mercredi 1er mai 1878

Mon cher Scholderer

J’apprends par Edwards que vous avez un portrait très bien placé et qui fait très bien à l’Academy.Trois œuvres de Scholderer sont exposées à la Royal Academy cette année-là : Young Girl in a Fancy Costume, B.160 ; W.H. Pole Carew Esq, B.161 ; Wondering, B.162.

J’en suis très content pour vous, il me semble que cela doit vous faire plaisir. Il me dit aussi que l’on a été fort sévère. J’ai eu bien de la chance d’être reçu.Fantin-Latour, La lecture, F.824. Il ne paraît pas trop content de sa place, il croit pourtant que c’est vu. C’est bien heureux pour lui d’être reçu, n’est-ce pas.

Lhermitte lui n’a pas de chance.Lhermitte n’a pas été reçu à la Royal Academy. Il a néanmoins exposé à deux reprises à Londres cette année 1878, à la Black & White exhibition de la Dudley Gallery, où il a présenté : n° 51, Mont Saint-Père au printemps ; n° 72, Rue à Landerneau ; n° 98, Visite au cimetière ; n° 157, Chapelle à Pont-Christ ; n° 315, Femmes de pêcheurs en prière ; n° 324, Portrait de Daubigny et à la Winter exhibition de la Dudley Gallery : n° 52, Marchande à Morlaix ; n° 295, Rue à Saint-Malo. Comment va votre santé maintenant et celle de madame, nous, ça ne va pas trop. Le Salon m’a beaucoup fatigué. J’ai bien regretté que vous ne puissiez pas voir mon tableau,Fantin-Latour, La famille Dubourg, F.867. il vous aurait plu sans doute, car j’en suis content. Nous parlons bien souvent de vous ici !

Que les affaires doivent être mauvaises avec la guerre suspendue au-dessus de nous.A l’issue d’une guerre brève contre les Turcs (avril 1877-mars 1878) dont les Russes sortent victorieux, le traité de San Stefano permet à la Russie de gagner en puissance. La Grande-Bretagne conteste le traité dont elle juge les clauses inquiétantes pour l’équilibre européen et envisage d’entrer en guerre contre la Russie. Nous ici, nous faisons des bêtises. On fait joujou avec l’Exposition universelle. Les démocrates font leur petite fête nationale de la Paix et de l’Intelligence. Le Salon n’ouvrira que le 25 Mai cette année. Nos grands artistes exposant à l’Universelle n’ont pas voulu qu’on puisse déranger le grand succès qu’ils se promettent.Des peintres académiques comme Cabanel, Gérôme, Carolus-Duran, Meissonier font partie des peintres les mieux représentés à l’Exposition universelle de Paris.

Je ne suis pas plus décidé que par le passé à aller à Londres cette année. Que pensez-vous faire maintenant, avez-vous des engagements à Londres, viendrez-vous voir l’exposition, j’aimerais bien que vous m’écriviez bientôt et avoir des détails sur l’Academy et sur l’effet que vous y fait mon tableau ; quelle nature morte les Edwards ont-ils envoyée. Car vous savez, je n’ai jamais aucun détail sur ce qui se passe à Londres par Eux. Pour quelles raisons, et de quelle utilité pour eux, est cette rage de m’avoir à Londres pour faire des portraits, je ne le devine pas et vous ? Je crois que Mademoiselle Esch va écrire à madame. Bien des choses à vous deux de nous deux.

Adieu H. Fantin