Perspectivia
Lettre1878_14
Date1878-10-23
Lieu de création[Paris]
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesDurand-Ruel, Paul
Edwards, Ruth
Millet, Jean-François
Flaubert, Gustave
Eiser, Otto
Edwards, Edwin
Balzac, Honoré de
Scholderer, Emilie
Scholderer, Ida
Esch, Mlle
Dubourg, Victoria
Delacroix, Eugène
Rousseau, Théodore
Barye, Antoine-Louis
Ricard, Louis Gustave
Troyon, Constant
Corot, Jean-Baptiste Camille
Courbet, Gustave
Daubigny, Charles-François
Diaz de la Pena, Narcisse
Tassaert, Octave
Lieux mentionnésParis
Francfort-sur-le-Main
Paris, Exposition Universelle, 1878
Bruxelles
Heist (Région flamande)
Paris, Exposition rétrospective de tableaux et dessins des maîtres modernes, galerie Durand-Ruel (1878)
Manchester
Paris, galerie Durand-Ruel
Bruxelles, Exposition générale des Beaux-Arts
Wakefield
Manchester, Royal Institution, 58th Exhibition of Works of Modern Artists, 1878
Œuvres mentionnéesF La lecture
F La famille Dubourg

[Paris]

23 oct.78

Mon cher Scholderer

Je suis en retard pour vous répondre ! Ma lettre va vous trouver en train de peindre vos portraits. Je vous plains beaucoup ! Nous sommes restés deux mois presque, en Normandie. Nous avons beaucoup travaillé, mais dans l’intérieur seulement, il a plu tout le temps. Nous nous sommes mal portés tout le temps. Au retour nous allons bien mieux par exemple. Madame Edwards m’a acheté tout ce que j’ai fait à la campagne, et j’ai vendu la Lecture à Manchester, à l’exposition.Fantin vend 150 £ La lecture, F.824 à la 58th Exhibition of Works of Modern Artists de Manchester. Il y expose pour la première fois en 1874, puis annuellement de 1876 à 1896. Tout va bien, nous avons eu depuis un mois à ranger, déménager, c’est bien ennuyeux. Nous avons eu tout à remettre en place !

Vous avez beaucoup travaillé il me semble à Heyst.Heist, station balnéaire de Belgique (Flandre occidentale) sur la mer du Nord, à l’est de Zeebruge. Je voudrais bien voir tout cela. Votre projet d’aller à Francfort une quinzaine est très bien et il faut venir à Paris.

Votre désir de revoir l’exposition de Durand-Ruel je le comprends bien, malheureusement c’est fini et pas de succès du tout.En 1878, le jury de l’Exposition universelle met notamment à l’écart les œuvres de Delacroix, Millet, Rousseau, Decamps, Barye, Ricard, Troyon. En réponse à ce choix, Durand-Ruel organise du 15 juillet au 1er octobre 1878 une exposition de 380 tableaux intitulée Exposition rétrospective de tableaux et dessins de maîtres modernes. Il montre les œuvres de Barye, Chintreuil, Corot, Courbet, Daubigny, Decamps, Delacroix, Diaz, Fromentin, Paul Huet, Millet, Ricard, Rousseau, Tassaert, Troyon. Voir Archives de l’impressionnisme, éd. par Lionello Venturi, 1939, t. II, p. 208-209. A la campagne, ce que j’ai compris le mieux, c’est comme vous. Millet, la vie à la campagne, il a compris cela très bien. Il vous faut lire l’Éducation sentimentale de Flaubert, si il vous plaît tant, et Salammbo.L’Éducation sentimentale est publiée pour la première fois en 1869 et Salammbô en 1862. N’est-ce pas que César Birotteau c’est un chef-d’œuvre !César Birotteau de Balzac est publié en 1838.

J’ai reçu une lettre et une brochure du Dr Eiser, il a été fort aimable. Quand vous aurez occasion, présentez-lui de ma part mes remerciements de son attention.

Que dites-vous du Rubens, celui du MuséeLe musée royal des Beaux-Arts d’Anvers que Scholderer a visité l’été précédent avec sa mère et sa sœur. en entrant, l’Adoration des Mages.Rubens, Adoration des Mages, 1624, huile sur toile, 447 x 336 cm, Anvers, musée royal des Beaux-Arts. Qu’il est magnifique, je n’ai pas lu l’Étoile Belge. Je ne sais presque rien de l’exposition de Bruxelles,Exposition générale des Beaux-Arts à Bruxelles, Fantin y expose La famille Dubourg, F.867. si ce n’est il me semble que j’ai du succès là.

Madame Edwards dit qu’elle ne sait rien de vous. Je crois qu’Edwards ne va pas bien !

Si vous avez du temps à Wakefield,Scholderer est à Wakefield, au nord de l’Angleterre, dans le Yorkshire, pour exécuter des portraits de commande. écrivez-moi un peu ce que vous faites, si vous vous ennuyez trop. Nous pensons ici combien madame doit être triste toute seule, cela va vous faire presser et tout ce que l’on fait vite est toujours mieux. Melle Esch me charge de vous dire bien des choses à tous les deux, ainsi que ma femme. Sa famille aussi bien des choses ! Bonne santé, c’est l’indispensable, pas de médecine non plus.

Adieu tout à vous

H. Fantin