Perspectivia
Lettre1879_18
Date1879-08-07
Lieu de créationParis
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesEdwards, Ruth
Titien
Riesener
Esch, Mlle
Dubourg, Victoria
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Lieux mentionnésLondres, Royal Academy of Arts
Paris
Paris, Salon
Œuvres mentionnéesF Portraits ou la leçon de dessin dans l'atelier
F Copie d'après la Vierge au lapin de Titien (vers 1530)
F Copie d'après la Vierge au lapin de Titien (vers 1530)

[Paris]

Jeudi 7 août [18]79

Mon cher Scholderer

Me voilà débarrassé de lettres à écrire et je puis répondre à votre lettre. Je viens de passer par des jours dont je n’ai pas l’habitude. Ici on est dans des satisfactions d’amour-propre,Le tableau de Fantin Fantin-Latour, Portraits ou la leçon de dessin dans l’atelier, F.920 remporte un franc succès critique et public au Salon de 1879. on a bien des embêtements comme dirait Madame Edwards. Nous nous proposons d’aller à la campagne, mais je ne me décide pas. Nous avons fait une promenade pour chercher une habitation à Fontenay-aux-Roses, du côté de Sceaux, vous rappelez-vous ces côtés-là, c’est charmant, c’est des bouquets d’arbres, des coteaux, des noyers, des châtaigniers. On dirait le paysage de la Vierge au lapin de Titien.Titien, Vierge au lapin (vers 1530, huile sur toile, 71 x 87 cm, Paris, musée du Louvre). Fantin réalise au moins deux copies de ce tableau avant 1870 (F.356, F.357). Nous n’avons rien trouvé là qui nous plaise. Fontainebleau qui est mon rêve, est si cher, il faut compter 15 fr. par jour, par personne, si on veut être bien et je sens que je vieillis, je ne veux que du confortable ! En revenant de promener, bien dîner et bien dormir, et un bon lit, c’est rare et cher. Nous pensons à la mer, mais où ? On nous dit que Heyst est vaseux (de la vase de l’Escaut),Heist, station balnéaire de Belgique (Flandre occidentale) sur la mer du Nord, à l’est de Zeebruge. qu’en savez-vous, dites-m’en quelque chose – sur la plage, les bains, la nourriture, le coucher, les prix et si l’on peut travailler, si ce n’est pas trop loin. Ce que vous avez fait là et m’avez donné, j’aime bien ces terrains et ces arbres.Esquisses réalisées par Scholderer à Heist et offertes à Fantin début 1879 (voir lettre 1879_01). Quel monde est là, en étiez-vous content ?

J’ai aimé beaucoup ce que vous me dites de Riesener, pour vous qui ne connaissez pas son œuvre, vous avez pourtant bien deviné son talent. Je vous montrerai bien des choses ici quand vous viendrez, pas cette année, car vous ne pensez pas à voyager maintenant ?

Donnez la lithographie que vous avez en double. J’ai été bien content que vous aimiez et que vous ayez vu les dernières fleurs.

Comment allez-vous tous les deux ? Est-ce que les chaleurs que nous venons d’avoir ne vous ont pas très fatigués, je n’en peux plus, ma femme aussi est fatiguée. J’aime mieux l’hiver !

Avez-vous fini vos deux tableaux, avez-vous pu travailler pendant la chaleur, moi je ne suis pas entrain de travailler quand il fait chaud. Je ne vous complimente pas sur votre chien, car c’est une tyrannie que les animaux. Notre chat ici, est notre maître, il nous gêne à un point que je ne saurais dire !

Nous avons des nouvelles de Mademoiselle Esch, elle est bien arrivée et nous espérons que l’air natal va lui faire du bien. Votre projet pour le Salon de Paris me semble excellent, il faut l’exécuter. J’attends le projet pour l’Academy dont vous me parlez.

Ma femme me charge de bien des choses pour Madame ainsi que moi. Nos amitiés H. Fantin