Perspectivia
Lettre1887_02
Date1887-02-23
Lieu de créationHildesheim Keswick Rds Putney
AuteurScholderer, Otto
DestinataireFantin-Latour, Henri
Personnes mentionnéesWagner, Richard
Dubourg, Victoria
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Edwards, Ruth
Scholderer, Viktor
Brahms, Johannes
Jullien, Adolphe
Lieux mentionnésLondres, Royal Academy of Arts
Paris
Francfort-sur-le-Main
Giessen
Paris, Salon
Œuvres mentionnéesF Réveil
S A Fishmonger/ Ein Fischhändler (un marchand de poissons)
S Wildbrethändler

Hildesheim

Keswick Rd

Putney

London

23 Féb. [18]87

Mon cher Fantin,

Nous voilà enfin rentrés à la maison, et je me sens bien coupable de vous ne remercier que maintenant pour votre précieux cadeau, l’œuvre sur la vie de Wagner avec vos dessins superbes.Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, ouvrage d’Adolphe Jullien qui paraît le 6 novembre 1886. Fantin l’illustra de quatorze lithographies. Nous avons été à Giessen, ville d’université près de Francfort, plus longtemps que c’était notre intention et en rentrant à Francfort, j’ai trouvé votre paquet qu’on avait laissé là pour moi, nous avons passé encore quelques jours bien turbulents à Francfort et nous sommes contents d’être enfin chez nous, après de si longues vacances. Votre cadeau me fait le plus grand plaisir et vraiment les dessins sont bien beaux, je ne sais pas auquel je dois donner la préférence, peut-être c’est le dernier qui me plaît le plus !La dernière gravure illustrant l’ouvrage de Jullien sur Wagner s’intitule Réveil, H.74. Je suis si content d’avoir enfin l’espoir de vous voir bientôt qu’il me semble que je ne devrais plus vous écrire, mais il faut que j’ai encore patience pour quelque temps. Je dois retourner à Francfort au mois d’avril, pour y peindre encore quelques portraits, et je ne suis pas sûr encore si ce soit en y allant, ou en rentrant que je viendrai à Paris, seulement c’est certain que je viendrai.

Votre lettre est écrite dans un moment où la vie vous a paru mélancolique, malheureusement à notre âge ces moments ne sont pas trop exceptionnels ; nous sommes bien fâchés que la santé de Madame n’est pas encore comme elle le désire, mais nous espérons que le printemps aura une bonne influence sur elle : prendre beaucoup d’air, je crois toujours que c’est essentiel, ma femme, surtout, peut sympathiser bien avec elle puisqu’elle est dans le dernier temps plus ou moins souffrant, quoique cela ne doit pas à me donner des inquiétudes, mais pourtant cela gâte la vie, c’est toujours la santé qui joue le plus grand rôle.

Je n’ai pas encore vu Mme Edwards probablement elle me donnera encore des nouvelles de vous et Madame.

J’ai peint sept portraits en Allemagne. Maintenant je dois travailler pour l’Académie, j’ai commencé un tableau d’un marchand de poissons demie figure avec des poissons, du gibier, un sujet qu’on voit bien souvent ici dans la rue.Pour l’année 1887, Bagdahn a identifié un tableau de poissonnier A Fishmonger/ Ein Fischhändler, B.275 vraisemblablement identique au B.276. La description que fait Scholderer de ce sujet est pourtant très proche de la composition de Wildbrethändler, B.308, en dépit d’une datation autour de 1890 par les ouvrages récents. Un portrait de Victor en pastel, figure entière,Il existe un dessin préparatoire à ce pastel : Portrait of a Boy, B. 273a. peut-être encore une tête ce sera mon envoi. Je suis bien curieux ce que vous avez commencé pour le Salon et ce que vous enverrez à l’Académie. Francfort m’a bien plu et j’y retournerais volontiers si je pouvais, la vie anglaise n’est pas plus amusante pour moi qu’elle était quand j’y allais, j’éprouve maintenant – je sais c’est trop tard – comme c’était faible de ma part et bête d’avoir quitté ma patrie, Paris était autre chose, je n’aurais jamais regretté d’y être resté.

Je vous écrirai plus quand j’aurai étudié le livre de Wagner, je n’avais pas encore le temps. Adieu, j’espère que ma lettre vous trouve en meilleure santé, ainsi que Madame. Ma femme et moi, nous vous envoyons notre meilleurs compliments et des baisers de Victor qui va très bien

Votre ami

Otto Scholderer

<Nous avons entendu à Francfort la 2de symphonie de Brahms, connaissez-vous cela, c’est fort beau et aussi le Requiem est magnifique>