Perspectivia
Lettre1878_09
Date1878-06-29
Lieu de création[Paris]
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesDubourg, Victoria
Duranty, Louis
Lhermitte, Léon
Manet, Edouard
Cazin, Jean-Charles
Edwards, Ruth
Esch, Mlle
Scholderer, Luise Philippine Conradine
Lieux mentionnésParis
Paris, Exposition Universelle, 1878
Lille
Heist (Région flamande)
Bruges
Œuvres mentionnéesF La famille Dubourg

[Paris.]

29 juin 1878

Mon cher Scholderer

Quel dommage que ma bourse ne soit pas assez lourde pour aller à Heist,Heist, station balnéaire de Belgique (Flandre occidentale) sur la mer du Nord, à l’est de Zeebruge. cela ne sera pas possible. Quel plaisir cela nous aurait fait d’aller vous retrouver là ! Nous allons aller à la fin de juillet en Normandie, chez l’oncle de ma femme, nous mettre au vert pendant tout le mois d’août.L’oncle de Mme Fantin possède, dans le petit village de Buré, dans l’Orne, une propriété. Les Fantin en hériteront en 1880 et prendront l’habitude d’y passer trois mois l’été. Ils y peindront des fleurs que Fantin expédiera chaque octobre à Mme Edwards. Fantin y peint ses natures mortes qu’il expédie chaque octobre à Madame Edwards.

Nous n’allons pas trop bien surtout ma femme a bon besoin de la campagne.

Mais ne pourriez-vous pas d’ici à la fin de juillet, sitôt installés à Heist, venir faire un tour de quelques jours à Paris, si vous veniez avec madame, nous pourrions vous retenir une chambre en face. Si vous veniez seul, nous avons un canapé-lit à vous offrir sans nous gêner et pour vous très suffisant. Il est utile à tous égards de voir Paris dans ce moment. La peinture de tous ces pays, on ne peut pas raconter cela, il vous faut voir cela et en causer absolument, je ne veux rien vous écrire à ce sujet, cela va exciter votre curiosité. Nous avons regardé combien cela était facile et peu coûteux de Heist à Bruges par Courtrais et Lille. De Lille à Paris en 4 heures. Quand vous resteriez trois jours seulement, cela est vite vu. Cela change les idées, et est très intéressant. Vous verrez comme nous sommes peu !

Je vous remercie bien de la lettre à Duranty. Je pense qu’il a dû le faire, cela lui a fait plaisir et lui a été très utile. Je crois que son article sur l’art allemandDuranty écrit dans la Gazette des Beaux-Arts deux articles importants sur les écoles étrangères de peinture à l’Exposition universelle dans lesquels il est question de la peinture allemande. Voir Edmond Duranty, « Exposition universelle : les écoles étrangères de peinture », dans Gazette des Beaux-Arts, juillet 1878, p. 50-52 et août 1878, p. 147-168. sera bien vu en Allemagne et la Gazette des beaux-arts est lue partout à l’étranger. Si vous venez, vous verrez le Salon il dure tout le mois de juillet. Je n’ai qu’un seul tableau.Fantin-Latour, La famille Dubourg, F.867. Ma femme deux, très mal placés.Victoria Dubourg, Dahlias et Aubépine furent exposés respectivement sous les numéros 794 et 795 au Salon de 1878. Manet n’a pas exposé, ni n’a fait d’exposition particulière. Lhermitte a deux tableaux et un grand dessinLhermitte expose deux peintures, Le marché aux pommes, à Landernau (Finistère), n° 1441 et Une rue à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) n° 1442 et deux fusains, La Halle aux poissons, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) n° 3366 et L’église de Mézy (Seine-et-Oise) n° 3367. très bien placé, très remarqué le meilleur qu’il ait fait. Cazin a un dessin gouache pastel dans la donnée de celui de l’an dernier, c’est très bien.Cazin, Le voyage de Tobie, gouache, cire, pastel (Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, et lithographie des artistes vivants exposés au Palais des Champs-Élysées le 25 mai 1878, n° 2600). C’est bien dommage que sa vie soit si remuée, qu’il ne travaille pas plus. Je ne sais rien de ses poteries.

Plus je revois tous ces tableaux de partout, plus je trouve peu d’artistes, mais nous causerons de tout cela à Paris n’est-ce pas ? Il vous faut venir trois jours, si madame ne se décide pas, elle devrait vous envoyer ici. Nous vous soignerons beaucoup tous les trois, car vous savez Melle Esch ne part pas. Bien des choses de nous deux pour vous deux.

H. Fantin